3 questions à Denis EYRAUD, éleveur de porcs et membre du GIEE « Une agriculture durable, un enjeu majeur pour la filière porc montagne des Hautes-Alpes »

Agriculteur sur la commune du Forest-Saint-Julien, Denis élève 120 truies et leurs petits, avec le plus grand soin et sans traitement antibiotique. Il nous explique sa démarche.

1. Quand et pourquoi, avez-vous décidé de limiter les antibiotiques pour soigner vos cochons ?

C’était en 2016. Au niveau de la Sica le Montagnard nous avons toujours été à l’écoute des attentes des consommateurs et soucieux de l’avenir de nos exploitations. L’idée nous est alors venue de nous engager dans une démarche globale d’amélioration de nos pratiques en terme d’environnement. En partenariat avec la Maison Régionale de l’Elevage et le cabinet vétérinaire SUDELVET nous avons monté notre projet de GIEE axé sur trois points : raisonner l’usage des antibiotiques, raisonner la gestion des effluents et limiter nos consommations énergétiques. L’idée de tenter l’arrêt des traitements antibiotiques systématiques s’est imposée tout naturellement. Immédiatement nous nous sommes aperçu que les animaux avaient moins de problèmes : ils sont plus calmes, leurs défenses naturelles immunitaires sont plus efficaces… donc ils sont plus résistants. Aujourd’hui, on ne donne plus d’antibiotiques qu’au cas par cas : en cas de maladie et sur prescription d’un vétérinaire. Le GIEE s’est inscrit dans la continuité des actions de la SICA. Il a permis d’encadrer et de formaliser une démarche mise en place par les éleveurs, depuis plusieurs années.

2. Est-ce difficile d’élever des porcs sans traitement antibiotique, et cela augmente-t-il le coût de production ?

Cela impose des règles d’hygiène strictes pour maintenir un bon état sanitaire dans l’élevage et prévenir les maladies : il faut notamment laver et désinfecter les salles dès qu’elles sont vides, limiter l’entrée des personnes extérieures, avoir un bon suivi par les techniciens au niveau de l’alimentation et par le vétérinaire au niveau du sanitaire. Le porc élevé sans traitement antibiotique a un coût de production plus élevé pour rémunérer le surcoût de travail de l’éleveur, mais la contrepartie en vaut la peine ! Quel que soit la taille de l’élevage on peut toujours faire évoluer nos pratiques.

3. Quel est l’intérêt du Groupement d’Intérêt Economique et Environnemental ?

Grâce au GIEE nous avons fait évoluer nos pratiques sur différents thèmes : l’ambiance des bâtiments, la qualité de l’eau, l’alimentation… C’était une suite logique à la limitation des usages des antibiotiques, cette démarche impliquait des modifications à tous les postes de l’élevage. Nous avons amélioré les conditions d’élevages. Par exemple, nous utilisons maintenant des huiles essentielles et des produits à base de plantes dans l’alimentation ce qui permet d’éviter certaines maladies. Nous souhaitons continuer à développer et à mettre en place des techniques alternatives et maintenir la dynamique mise en place par le GIEE.