Les chiffres de l’élevage

La filière ovine compte 605 000 brebis, faisant de PACA la deuxième région française avec 11 % du cheptel national. Le troupeau destiné à la production viande, est constitué exclusivement des trois races régionales Mérinos d’Arles, Préalpes du Sud et Mourérous. Les 1 700 éleveurs ovins détiennent des effectifs de 350 brebis en moyenne par élevage, soit plus du double de la moyenne française.

400 éleveurs caprins et ovins laitiers, essentiellement producteurs fermiers, sont répartis de manière régulière sur la totalité du territoire régional. Les 18 000 têtes constituent des petits troupeaux d’environ 50 chèvres.

Les 900 élevages bovins sont présents d’une part dans les zones de montagne du nord de la région et d’autre part dans les Bouches du Rhône. Ce dernier département se caractérise par une centaine d’éleveurs des races Camargue et Brave, avant tout destinées à une utilisation dans les spectacles taurins.
La filière bovine du nord de la région a subi au cours des trente dernières années une profonde mutation de la production laitière vers l’élevage allaitant, spécialisé dans la production de viande. Aujourd’hui, 270 éleveurs avec 7 500 vaches laitières produisent 30 millions de litres de lait, correspondant à une production moyenne de 110 000 litres par élevage. Les 600 élevages allaitants du massif des Alpes regroupent un effectif régional de 15 000 vaches.
330 éleveurs porcins situés dans le nord de la région, avec des systèmes en bâtiment, ou au sud, où on retrouve des initiatives de porc plein air, produisent 12 300 tonnes annuellement.

Enfin, la filière équine compte 28 700 têtes et 750 élevages.

Les élevages de la région sont peu productifs, c’est en particulier le cas pour la filière ovine, qui affiche une productivité moyenne de 0,89 agneaux produits par brebis, contre 1,17 au niveau national, et doivent faire face à des coûts de production plus élevés que dans la majorité des autres régions françaises. Dans la filière bovine laitière, le quota régional est en sous-réalisation chronique depuis plusieurs années.

D’autre part, les élevages sont fortement dépendants des aides des premier et second piliers de la Politique Agricole Commune.

Les filières d’élevage travaillent à l’amélioration des résultats techniques, avec l’appui technique, l’acquisition de références technico-économiques et leur diffusion, ainsi que par des programmes particuliers. C’est par exemple le cas pour l’accompagnement du décalage de production pour l’IGP Agneau de Sisteron, ainsi que pour les politiques visant à favoriser l’engraissement des jeunes bovins.

Différents modèles d’organisation de la commercialisation co-existent selon les filières. Ainsi, les éleveurs caprins ont-ils construit leur développement sur la production fermière et la vente sur le marché ou à la ferme, hormis pour quelques livreurs à destination de fromagers artisanaux. La valorisation du litre de lait est l’une des plus élevée de France.

La filière bovine allaitante produit essentiellement des « broutards » de 6 à 11 mois, vendus en vif à des engraisseurs italiens, dans un marché très spéculatif et soumis à un fort risque d’impayés. Des initiatives de valorisation locale d’animaux finis permettent de conserver dans la région une partie de la valeur ajoutée (viande de taureau dans le sud, génisses sous appellation montagne Pâtur’Alp pour la production du massif). Ces initiatives permettent aux éleveurs de recevoir un prix supérieur d’environ 15 % aux cotations nationales.

Le secteur ovin produit à 80 % des agneaux de boucherie à destination d’une filière longue, et s’est donné comme objectif par le développement de l’IGP Agneau de Sisteron, d’augmenter la proportion de produit à haute valeur ajoutée. Les plus values sur le prix payé au producteur peuvent atteindre 15 à 20 % dans ces démarches. Une proportion non négligeable de la production régionale est exportée (très petits agneaux à destination des marchés espagnols, italien ou des engraisseurs aveyronnais), ou dans certains cas est commercialisée en dehors des circuits conventionnels.

La production de lait de vache est très majoritairement destinée au marché du lait UHT standardisé ou à une première transformation pour les industriels (60 % du lait régional transite vers des usines du Sud-Ouest ou du Massif Central). Le prix payé aux éleveurs est aligné sur un prix national. Certaines fromageries artisanales (SICA des Alpages de Fontantie, Coopérative laitière de l’Ubaye, fromagerie de la Durance) qui ont une activité de collecte, sont en mesure de garantir une plus value au producteur. Les fromagers artisanaux se sont spécialisés dans la production et la commercialisation de fromages sur un marché régional, chacun ayant sa propre gamme de produits.

Les circuits courts, et parmi eux la vente directe, suscitent un engouement important et sont pour certains éleveurs une alternative viable aux circuits de commercialisation conventionnels pour lesquels le potentiel régional est déjà existant. Cependant, hormis pour les productions des petits ruminants laitiers qui ont fait ce choix depuis de nombreuses années, ces démarches sont difficilement généralisables et ne répondraient pas aux contraintes de la grande majorité des éleveurs. Ce développement fait émerger un besoin en matière d’outils logistiques (transformation, collecte…).

Les filières d’élevage peuvent s’appuyer, pour la collecte, la transformation et la mise en marché des productions, sur un maillage régional d’organismes économiques. Les coopératives et, plus largement, les Organisations de Producteurs, regroupent entre 30 et 40 % des éleveurs. Leur poids relatif est en progression constante.

Il s’agit soit d’organisations d’envergure nationale (SODIAAL en élevage laitier ou dans la filière ovine, les quatre coopératives, réunies dans l’union de coopératives ARCOS, qui avec 46 % du cheptel régional constitue l’un des premiers pôles ovins organisés de France) ou régionale (dans les filières bovin viande ou porcine).

Pour la filière porcine, la SICA le Montagnard a organisé le marché autour de la valorisation d’une production de montagne à destination des charcuteries et salaisons régionales.

Pour le secteur de la viande, autour de l’abattoir ovin municipal de Sisteron, premier abattoir ovin de France avec 7 400 tonnes en 2009, et des abattoirs multiespèces de Gap, Tarascon et Digne, un maillage de petits outils locaux répond à une demande de proximité. La récente fermeture de l’abattoir ovin de Grillon (Vaucluse) vient confirmer combien la pérennité de ces équipements est fragile.

Si les abattoirs régionaux constituent une capacité d’abattage très largement supérieure à la production régionale, c’est aussi le cas des ateliers de découpe, publics ou privés, présents en nombre dans la région.

Des entreprises régionales ont fait le choix d’un approvisionnement local, malgré les contraintes, notamment en matière de coût de collecte et de volume et régularité de production. Le groupe DUFOUR est un partenaire commercial d’envergure nationale et le principal abatteur ovin et bovin des deux régions PACA et Rhône Alpes. Les établissements Alazard & Roux, à Tarascon, sont présents sur le segment du taureau de Camargue et du porc plein air.

Dans le secteur laitier, les débouchés pour la production se répartissent entre les deux grands groupes internationaux SODIAAL et Lactalis, et des fromageries artisanales (au nombre de 8, dont la Fromagerie de Banon, spécialisée dans le lait de chèvre). L’avenir de la filière laitière bovine régionale passera par les choix stratégiques des premiers, et la capacité des seconds à consolider leur activité ainsi que leur approvisionnement et à se fédérer pour aborder le marché régional.

Les années 1990 ont vu l’émergence de politiques de différenciation des produits dans certaines filières.

L’Agneau Label Rouge date de 1995, et est associé à l’Indication Géographie Protégée (IGP) « Agneau de Sisteron » depuis 2003. Véritable moteur de la production ovine, dont elle ne représente pourtant que 15 % des volumes, cette démarche est en constante progression depuis sa mise en place (cas unique dans la production ovine label rouge nationale). Fort de cette dynamique, le secteur ovin a tenté de développer d’autres initiatives de segmentation du marché (CCP, commerce équitable…) avec peu de succès, si ce n’est pour le produit « agneau de lait », ainsi que pour une CCP Agneau de l’Adret, cette dernière concernant cependant essentiellement la filière de Rhône Alpes.

Le décret du 3 décembre 1996 valide l’AOC Taureau de Camargue, première Appellation d’Origine Contrôlée de France. Celle-ci vient consolider la volonté des producteurs et entreprises de sud de valoriser cette production très spécifique.

Toujours dans la filière bovine, la reconnaissance de l’Appellation Montagne pour les génisses et les vaches des Alpes du Sud destinées à une commercialisation en boucheries et grandes surfaces a permis de développer une filière autour des produits finis. En croissance régulière depuis sa naissance, avec 700 bêtes et 240 tonnes vendues en 2009, la marque Pâtur’Alp butte aujourd’hui sur un volume de production limité qui peine à répondre à la demande, malgré un prix aux éleveurs supérieur de 15 % aux cotations nationales.

L’AOC Banon, pour le fromage de chèvre, est l’unique signe d’identification en production laitière. Il concerne à ce jour deux fromageries artisanales et 16 fromagers fermiers. Par ailleurs, de nombreux éleveurs utilisent la mention valorisante « produits fermiers », qui régionalement s’appuie sur une charte.

Dans la filière laitière bovine, c’est une politique de marques qui prévaut pour les deux grands groupes, axée cependant sur la Charte des Bonnes Pratiques d’Elevage, mais aussi pour les fromageries locales. La réflexion sur l’opportunité d’une différenciation de certains produits laitiers régionaux par les Signes Officiels de Qualité reste d’actualité et pourrait s’appuyer sur l’existence de produits et savoir-faires reconnus.

Les éleveurs porcins ont fait le choix de la valorisation de la production par l’Appellation Montagne.

Enfin, l’élevage bio concerne 150 élevages (3 %), en progression d’environ 5 % par an, dans un contexte très porteur pour ce mode de production. Pourtant, malgré une demande croissante, la question de la mise en marché reste difficile à aborder compte tenu des faibles volumes dans la région.

Les enjeux sanitaires sont majeurs dans la région PACA en raison des caractéristiques de notre système d’élevage. En effet, la transhumance est un facteur majeur de contagiosité. Le mélange de troupeaux favorise la transmission d’agents pathogènes et leur dissémination rapide à des territoires pouvant être éloignés.

L’action sanitaire dans notre région comporte 3 volets :

  • La coordination de plans de lutte (contre des maladies réglementées ou non), la coordination de certifications (Varron, IBR), ou de plans de qualité.
  •  La surveillance épidémiologique de pathologies présentant soit un risque pour l’économie des filières (Brucella ovis, Besnoitiose, maladies abortives, FCO) soit un risque pour l’homme (fièvre Q, Brucellose, Tuberculose). Cette surveillance passe par la réalisation de sondages, d’expérimentation, de campagnes de dépistage massives.
  • Le suivi d’élevages en soins curatifs ou préventifs, notamment avec des médecines non conventionnelles.

Très présent sur la totalité du territoire régional agricole, l’élevage joue un rôle fort en matière de valorisation des espaces. Qu’il s’agisse de transhumance ou de pratiques pastorales dans les milieux méditerranéens, préalpins ou montagnards, sa présence est un vecteur de retombées positives (entretien, préservation de l’espace, défense de la forêt contre l’incendie). Elle rencontre aussi des difficultés en matière de gestion et d’accès au foncier, de multi-usages de l’espace. De plus, les déplacements des troupeaux dans l’espace régional ou extra-régional, qu’ils soient liés à des pratiques d’élevage ou à des raisons commerciales, peuvent se heurter à des problématiques sanitaires.

Les filières d’élevage disposent d’une palette d’outils techniques destinés à accompagner leur développement : organismes techniques spécialisés, organisations sanitaires aptes à répondre aux questions de santé animale, réseaux de références, fermes expérimentales, dispositif d’appui technique, laboratoires laitiers, contrôles de performances, etc…

Elles s’appuient sur la formation initiale et continue des éleveurs, bergers et techniciens.

Un processus de restructuration de ces services à l’échelle régionale, en particulier autour des deux pôles constitués par la Maison Régionale de l’Elevage et l’EDE Régional est en cours.