Chronique Ovine du Sud :

Actualités sur le parasitisme des ovins

Dans notre région, le parasitisme interne des ovins ne représentait jusqu’à ces dernières années qu’un risque pathologique relativement faible. Mais certains facteurs dont le changement climatique viennent malheureusement élever ce niveau de risque.

En premier lieu, les conditions météorologiques du printemps et du début d’été 2023 douces et humides ont favorisé l’explosion de certaines espèces de strongles digestifs dont Haemonchus contortus, ver parasite de la caillette particulièrement agressif.

Le climat de ce début d’année laisse craindre à nouveau un risque parasitaire fort et incite à la plus grande vigilance dès la prochaine mise à l’herbe.

Alors que faire ?

La coproscopie est un moyen de surveillance adapté en routine mais ses résultats doivent toujours être complétés et confrontés :

  • A l’état clinique du troupeau : amaigrissement, diarrhée, mauvaise laine mais surtout PALEUR DES MUQUEUSES (parfois le seul signe d’haemonchose !)
  • Au résultat d’autopsies en cas de mortalité groupée (l’examen de la caillette et des ganglions abdominaux permet d’apprécier le niveau d’infestation parasitaire digestif, celui du foie la présence de petite douve et celui des sinus la présence d’oestres).
  • A d’éventuelles saisies d’abattoir (petite douve dans les foies et kystes larvaires de ténias)
Kit Coporlogie GDS PACA
Strongle

La pathologie parasitaire estivale se modifie elle aussi.

Les étés caniculaires permettent l’expansion de l’oestrose jusque dans les plus hauts alpages en facilitant la montée des mouches en altitude. Certains troupeaux atteints de fort mouchage en estive et les brebis laitières sédentaires doivent être traités. Les myiases et les dermites estivales prennent elles aussi de l’ampleur et donnent un surcroît de travail aux bergers et aux éleveurs.

Dans les zones méridionales basses, on constate la prolifération des petits mollusques sur l’ensemble de la végétation sèche. Ces minuscules escargots sont les hôtes intermédiaires des strongles respiratoires qui n’avaient jusqu’à présent un impact pathologique que sur les caprins.

Une gestion plus fine du parasitisme !

Ces changements de la nature du parasitisme régional ont des répercussions sur les stratégies de lutte et de prévention.

  • L’apparition ou l’expansion de nombreux parasites peuvent laisser craindre la nécessité de traiter plus souvent les troupeaux.
  • Ces traitements devront être réfléchis et s’inscrire dans des schémas de vermifugation ciblée et sélective adaptés à chaque cas.
  • En effet, il s’agit à la fois de préserver l’efficacité des molécules existantes, dans un contexte de disparition ou de restriction des produits autorisés mais aussi d’éviter l’apparition de souches de vers résistantes comme c’est déjà le cas dans de nombreuses régions.
  • En cas de suspicion d’un échec de traitement, il est possible de réaliser une coprologie de contrôle 14 jours après la vermifugation.
  • En prévision de ces risques de résistance, il est temps de penser à des mesures agro-environnementales de prévention : durée de pâture, hauteur de l’herbe, temps de rotation parcellaire, pâturage cellulaire avec fil avant et fil arrière…
  • Les espoirs mis dans la lutte antiparasitaire grâce à la consommation de plantes à tanins (sainfoin, chicorée, plantain…) sont pour l’instant déçus car les expérimentations menées jusqu’à présent ont donné des résultants peu concluants.
  • La présence permanente des chiens de protection au contact des troupeaux exige quant à elle une gestion rigoureuse des vermifuges canins pour éviter la transmission des ténias larvaires aux ovins (cysticercose, coenurose et échinococcose).

 

Pour de plus amples informations, la MRE PACA et ses partenaires ont édité une fiche synthétique sur ce sujet disponible à ce lien : https://mrepaca.fr/parasites-internes-des-ovins/

 

Auteurs : Eric Belleau – vétérinaire conseil GDS 04

Coordinateur des chroniques ovines : Rémi Leconte – MRE