Chronique Ovine du Sud :

Des protéagineux pour engraisser les agneaux

Remplacer le complémentaire azoté du commerce ou le tourteau de soja par des protéagineux dans la ration des agneaux présente un intérêt économique, d’autant plus dans le contexte de hausse des prix des aliments du bétail. Les performances de croissance des agneaux s’en retrouvent toutefois légèrement altérées.

Pois, féverole, vesce ou pois chiche peuvent être utilisés, associés à une ou plusieurs céréales pour l’alimentation des agneaux, que ce soit sous la mère ou en finition. Les teneurs en protéines varient d’un peu plus de 20 % pour le pois à quasiment 30 % pour la féverole. Moyennant une adaptation des proportions du mélange, ces graines peuvent avantageusement remplacer un complémentaire azoté du commerce. Un concassage léger peut pallier à la dureté de certains grains pour des agneaux jeunes, mais n’est généralement plus nécessaire à partir de 2 mois d’âge des agneaux. En cas de changement de régime alimentaire, une transition d’une semaine en incorporant progressivement le protéagineux est indispensable. Dans ce type de mélange, vous pouvez ajouter, à raison de 1 à 2 % du mélange, du bicarbonate et un minéral vitaminé avec un rapport Calcium / Phosphore de 3 minimum.

Pour les agneaux sevrés, le remplacement d’un complémentaire azoté par un protéagineux dans un mélange fermier se traduit en général par une baisse des croissances des agneaux de l’ordre de 15 à 20 %. Cette baisse de performances s’explique en partie par la moindre appétence des protéagineux et surtout une composition de ration moins optimisée en termes de niveau d’apport protéique. La durée de finition est ainsi majorée d’une semaine à 10 jours. Selon les performances habituelles dans votre élevage, il faut donc être vigilant dans le cadre d’une commercialisation en filière de qualité où l’âge des agneaux doit être maîtrisé.

L’utilisation d’aliment fermier à base de protéagineux permet tout de même d’économiser environ 5 € par agneau en conventionnel et jusqu’à 8 € par agneau en Bio sur le coût alimentaire de l’engraissement. Les qualités de carcasses ne sont pas modifiées. Cette économie est à mettre en regard des équipements nécessaires (silo) et du travail supplémentaire que cette pratique peut requérir.

 

Auteurs : Pierre-Guillaume Grisot, Institut de l’Elevage – François Demarquet, Ferme expérimentale de Carmejane

Coordinateur : Rémi Leconte – MRE