
Chronique Ovine du Sud :
Valorisation de la laine : relancer une ressource sous-exploitée par les usages agricoles
En France, environ 10 000 tonnes de laine sont produites chaque année. Malgré ses propriétés techniques multiples (isolante, hydrophile, ignifuge, biodégradable), la laine reste faiblement valorisée sur le territoire malgré le développement de nombreuses initiatives locales. Le statut de sous-produit animal de catégorie III (règlements CE n°1069/2009 et n°142/2011) limite les débouchés, notamment en interdisant l’utilisation de la laine en suint sans traitement préalable.
La France compte 59 races différentes de brebis dont les toisons peuvent être classées dans différentes catégories selon la finesse et la longueur des fibres mais aussi la présence plus ou moins importante de jarre (poils). A l’échelle du territoire près de la moitié des laines peuvent être considérées comme grossières quand seulement 5% des toisons environ sont issues de troupeaux Mérinos qui vont donner les laines les plus fines.
Des pellets riches en azote
La relance de la filière passe donc notamment par une diversification des usages, et les débouchés agricoles apparaissent comme des leviers prometteurs. Les pellets de laine en tant qu’engrais organique sont en développement, avec des process de transformation (broyage + granulation) opérationnels. La laine, riche en notamment en azote (environ 10%), présente un intérêt agronomique certain. Toutefois, l’absence de validation réglementaire des procédés d’hygiénisation en France freine sa diffusion, malgré des exemples déjà commercialisés à l’étranger.
D’autres pistes de valorisation
Autres pistes : le paillage et les manchons de protection pour jeunes plants. Des prototypes à base de laine (pure ou mélangée) sont déjà proposés par plusieurs acteurs. Mais le manque de références sur leurs performances et leur prix face à la concurrence d’autres paillages biosourcés freinent leur développement.
Et le compostage ?
Enfin, le co-compostage de la laine avec du fumier constitue une solution pour valoriser la laine sans débouché directement à la ferme, mais à condition de respecter des exigences sanitaires strictes telles que la montée en température à 70°C pendant 5 jours et la mise en place d’un plan de maîtrise et un agrément sanitaire. 2 fermes expérimentales ovines (CIIRPO et FEDAEXPE) testent aujourd’hui le compostage sous la coordination de la FNO et en partenariat avec la DGAL dans l’objectif de faire valider le procédé et simplifier les démarches d’autorisation.
Retrouvez plus de détails sur le marché et les usages agricoles de la laine en consultant le replay du webinaire Inn’Ovin dédié à ce sujet, ici.
Auteurs : Audrey Desormeaux – Fédération Nationale Ovine
Coordinateur des chroniques ovines : Rémi Leconte – MRE
