
Chronique Ovine du Sud :
Comment adapter sa bergerie face aux fortes chaleurs ?

Ce début d’été 2025 le démontre, le changement climatique s’exprime de plus en plus par la manifestation d’épisodes caniculaires et par la diminution de la ressource fourragère et d’eau. Les animaux logés en bergerie pendant la période estivale sont exposés à un stress thermique croissant tant par les niveaux de températures atteints que par la durée et la répétition de ces épisodes. Leur bien-être (et celui de l’éleveur) ainsi que leurs performances en sont grandement altérés.
Les filières de petits ruminants (ovins et caprins) ont eu besoin de nouvelles références pour faire de leur bâtiment un outil de lutte contre le stress thermique. Ainsi entre 2021 et 2025, le projet Batcool a permis d’étudier des dispositifs in situ et d’identifier les meilleures pratiques face aux fortes chaleurs. Les résultats montrent que des solutions simples peuvent être mises en place pour améliorer le confort estival.
Quelques recommandations :
Qu’il s’agisse de la création d’un bâtiment neuf ou d’une rénovation de bâti ancien, pour faire baisser la température intérieure et bénéficier d’une meilleure ambiance dans la bergerie, il est important de veiller aux éléments suivants :
- Respecter les recommandations de conduite de l’élevage : confort, paillage, densité d’animaux sur les aires de vie et disponibilité en eau.
- Réfléchir à l’implantation de son bâtiment selon la configuration du terrain (en promontoire, en crête, en fond de vallée…) et en fonction de l’ensoleillement (éviter l’orientation d’une longue façade au Sud-Ouest ; en cause l’inclinaison défavorable du soleil, pendant les heures les plus chaudes de la journée, provoquant une surchauffe en été).
- Dimensionner et aménager ses façades pour bien ventiler naturellement, un bâtiment d’élevage doit privilégier un plan rectangulaire, soit être plus long que large (avec une largeur ne dépassant pas 16 à 20 m). De grandes ouvertures seront à privilégier sur les long-pans afin que l’air puisse traverser et balayer le bâtiment transversalement. Ces derniers seront exposés aux vents fréquents (sans être face au vent dominant).
- Optimiser les ouvertures : pour améliorer la ventilation naturelle, il est essentiel de maximiser les ouvertures du bâtiment. Les installations modulables, telles que les rideaux ascenseurs ou enroulables, les bardages coulissants ou les portails, permettent de s’adapter à différentes conditions climatiques. Ces solutions doivent être conçues pour être ouvertes par défaut et fermées uniquement en cas de besoin.
- Créer un faitage ventilé : une ouverture totale au faîtage est préférable à une ouverture partielle ou à un faîtage fermé. L’air chaud étant plus léger que l’air froid, il tend à s’accumuler sous le toit de la bergerie ; l’ouverture totale du faîtage permet une meilleure évacuation de la chaleur, de l’humidité et de l’air vicié par effet cheminée.
- Gérer la lumière et les rayonnements solaires directs et indirects : faire entrer la lumière naturelle, tout en protégeant les ouvertures des rayons solaires directs (créer des débords de toits ou des casquettes suffisamment dimensionnées pour l’été), mais aussi supprimer ceux qui pénètrent via des translucides en toiture… Les rayonnements solaires ont aussi un effet sur les matériaux de construction, c’est par une isolation suffisante des parois et une bonne ventilation naturelle que l’on peut lutter efficacement contre les phénomènes de surchauffes.
L’adaptation des bergeries aux conditions estivales est devenue une priorité pour les éleveurs de petits ruminants. Elle passe par une série de mesures simples mais efficaces. L’orientation du bâtiment, la gestion de la lumière et des rayonnements, l’optimisation des ouvertures en façades et en toiture pour favoriser la ventilation naturelle, sont autant de leviers à actionner pour améliorer le confort des animaux et des éleveurs en été. Ces solutions permettent de limiter le recours à la ventilation mécanique et à la brumisation, tout en assurant un environnement sain et confortable pour les petits ruminants.
Auteurs : Éliette Karche – architecte conseil – MRE
Coordinateur des chroniques ovines : Rémi Leconte – MRE
