Chronique Ovine du Sud :

Le Pietin

Le piétin est une maladie du sabot des ovins très douloureuse, redoutée des éleveurs car elle pénalise lourdement les troupeaux atteints. Sa forte contagiosité fait courir des risques aux autres congénères de l’exploitation mais aussi aux cheptels voisins en cas de transhumance.

C’est une affection bactérienne due à l’association de deux germes anaérobies (qui se développent en l’absence d’oxygène) : Dichelobacter nodosus et Fusobacterium nécrophorum, favorisée par la densité et l’humidité. La prolifération de ces germes entraîne un suintement nauséabond, un décollement et une nécrose de la corne des onglons puis une déformation de ces derniers dans les cas chroniques. La forte douleur occasionnée empêche les malades de se déplacer et les oblige souvent à manger à genoux.

Le diagnostic est surtout clinique, basé sur la douleur, le décollement de la corne et surtout l’odeur caractéristique.

Le piétin est une maladie non règlementée, sa gestion sanitaire dépend donc uniquement de la volonté des éleveurs.

Dans un contexte de conditions favorables au piétin et compte-tenu des difficultés de lutte efficace contre cette maladie à l’alpage, la gestion de la maladie doit se faire avant tout à l’exploitation en utilisant l’ensemble des moyens de lutte et de prévention disponibles de façon régulière et rigoureuse :

  • Le parage des pieds est primordial (au minimum 1 fois/an au printemps)
  • Les soins des boiteries doivent être précoces : Soins locaux (eau oxygénée, spray antiseptique, sulfate de cuivre), soins généraux (antibiothérapie) et passages au pédiluve (sulfate de cuivre ou mieux de zinc, pédiluve sec)
  • Il faut absolument trier et isoler les malades pour limiter la contagion
  • Une réforme des malades chroniques incurables est impérative pour empêcher les rechutes
  • La vaccination peut être une aide au contrôle mais ne dispense pas des mesures précédentes
  • La supplémentation de la ration en zinc et vitamine A peut améliorer la qualité de la corne
  • La sélection de lignées moins sensibles au piétin peut être envisagée sur le long terme

En alpage, la principale prévention est de monter un troupeau le plus sain possible (parage des pieds effectué et pédiluve avant la montée, tri et mise à l’écart des boiteuses)

Ensuite, il est nécessaire de contrôler les points de rassemblement où la densité, le piétinement et l’accumulation de matières fécales vont favoriser la survie et la transmission des agents pathogènes et permettre la contamination des autres petits ruminants domestiques ou sauvages. Ainsi, une attention particulière doit être portée aux principales zones à risque que constituent les abords des points d’abreuvement, les parcs de nuit ou de tri et les salines.

Le drainage du sol autour des abreuvoirs (de préférence à niveau constant pour éviter les débordements), la distribution de sel en vrac sur des pierres à proximité des cabanes, la rotation des parcs de nuit (parfois difficile à concilier avec la lutte anti-prédation…) font partie des mesures efficaces dans la prévention du piétin.

En cas de flambée de piétin à l’alpage, la rapide mise en place d’un chantier de traitement (couloir de tri et pédiluve mobiles) et d’un parc d’infirmerie doit être étudiée en pensant à la fois à l’aspect pratique (transport et pose du matériel, ergonomie du travail de l’éleveur ou du berger) et à la biosécurité (élimination des déchets de parage contagieux, récupération des bains de pédiluve usagés…).

Auteurs : Eric Belleau – Vétérinaire conseil GDS 04

Coordinateur : Rémi Leconte – MRE